News : Répression sanglante au Cambodge
Ce 3 Janvier 2014, à Phnom Penh, la police cambodgienne ouvre le feu sur une manifestation d’ouvriers du textile. Bilan : 3 morts et 2 blessés selon la police locale. Bâtons, cocktails Molotov et jets de pierre étaient jusqu’alors utilisés contre les forces de police, mais c’est avec des fusils que les manifestants ont négocié aujourd’hui.
Défendre salaires et conditions de travail : pouvons nous faire quelque chose ?
Secteur crucial pour l’économie cambodgienne, ces manifestations dénoncent les conditions de travail. Cela fait plusieurs semaines qu’une mobilisation pour la hausse des salaires (actuellement à 80$/mois) bloque des usines textiles. Ce mouvement coïncide avec une autre revendication, politique celle là, celle du départ du premier ministre.
Au Bengladesh, 2ème exportateur textile mondial, en septembre 2013, des manifestations avaient eu lieu après le dramatique accident industriel du Rana Plaza tuant 1 135 personnes dans l’effondrement d’une usine. Là encore, les bas salaires (38$/mois) et les conditions de travail étaient dénoncés.
Pourtant, le 31 décembre 2013, la justice a condamné les propriétaires d’une usine textile qui avait brûlé en se prononçant pour : « Homicide par négligence ». Pour les propriétaires ainsi que les gardiens et les contremaîtres, c’est le risque de prison à vie. Cette catastrophe avait fait 111 morts en 2012, précédant le drame du Rana Plaza qui est l’accident le plus meurtrier de l’histoire du Bangladesh
Depuis le 1er janvier 2005, l’accord multifibres (AMF) n’existe plus. Celui-ci régulait jusqu’alors le commerce international des produits textile. Son principe était simple : les plus grands marchés du monde avaient attribué en 1974 des plafonds d’exportation aux pays producteurs. Les entreprises étaient donc tenues de s’approvisionner dans le monde entier au lieu de concentrer leurs commandes dans les pays les plus concurrentiels. Successivement aux accords de 1974, dans le cadre des règles du GATT (General Agreement on Tariffs and Trade) en 1994, et ce, sur une période de dix ans, a eu lieu le relèvement progressif des plafonds. En 2005, c’est alors la libéralisation complète des échanges.
La montée en puissance de l’économie chinoise dans l’industrie textile est le fruit de son adhésion stratégique à l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce) en 2001. En 2012 cependant, les importations d’habillement en provenance de Chine se sont repliées de 9,4 % pour l’Union Européenne. La compétitivité de la Chine s’est érodée, sous l’effet notamment de la hausse des salaires, obtenue après les grèves de 2010. Les chinois peuvent désormais élire leurs syndicats et ont demandé à ce que ceux-ci soient responsables devant eux. Depuis, les autorités chinoises ont fait le choix de s’engager dans une trajectoire de croissance plus harmonieuse en favorisant le développement du marché intérieur grâce à la hausse des salaires. Cela l’a rendue moins concurrentielle, et la sous-traitances des grands groupes textiles est passée chez les voisins, pratiquant des salaires moins élevés.
Cette avancée sociale chinoise a bénéficié aux autres pays d’Asie sur le plan des exportations certes, mais pas encore sur le plan des droits des salariés. En ce début d’année 2014, c’est pourtant ce que je leur souhaite. Pour chaque entreprise qui s’améliorera sur ce point, c’est tout le secteur national qui progressera. Pour aboutir plus vite, c’est aussi à nos grands groupes importateurs et à nous acheteurs de faire en sorte de mieux contrôler les conditions de travail dans lesquelles sont produits les biens que nous consommons.