Alex HOSTACHY : être utile pour les autres
Interview : mai 2019
Après une formation de jeune sapeur pompier, puis de l’exercice du métier en tant que pompier volontaire, Alex qui fête cette année ses 20 ans, vient de passer les tests pour être marin pompier de Marseille. Il nous explique ici sa passion pour ce métier.
Comment est venue ton envie de devenir pompier ?
Alex HOSTACHY. Mon père est pompier mais quand j’étais petit, son métier ne m’intéressait pas. Pourtant, lorsqu’il m’a proposé de faire les Jeunes Sapeurs-Pompiers (JSP) à Sanary, j’ai accepté. Là, mon père était reconnu, les collègues en parlaient positivement et ça m’a rapproché de lui. De plus, j’ai aimé le collectif, l’esprit de famille, les plaisanteries entre nous aussi. J’aime le sport, sortir, bouger et je ne m’imaginais pas dans un bureau. Peu à peu, je me suis rendu compte que ce métier était fait pour moi.
En quoi consiste le métier de pompier ?
C’est en général en lien avec des évènements accidentels : feu, inondation, accident, malaise, etc. Il s’agit d’intervenir le plus rapidement possible pour mettre en sécurité les personnes et les biens. Nous pouvons par exemple apporter les premiers soins aux blessés, évacuer des personnes.
Ce que l’on connait surtout des pompiers, c’est leur rapport au feu. Nous sommes beaucoup préparés et entrainés à intervenir dans ce contexte. Bien évidemment, nous ne sommes jamais contents quand il y a un feu, pourtant, c’est vraiment l’intervention que je préfère. Cela représente l’exceptionnel.
Comment cela se passe concrètement lorsqu’il y a un incendie ?
Le système d’alerte par bipeur a remplacé pratiquement partout la sirène. Chaque volontaire se déclare disponible à l’avance et reçoit ses demandes d’intervention par bip. La répartition par équipes est planifiée, chacun a un rôle bien défini. Si ce n’est pas ton équipe qui est sur l’intervention, tu es en général déçu.
C’est face au feu que l’on réalise notre travail le plus complet. C’est aussi l’exercice auquel nous sommes le plus entraînés. Sur un incendie, c’est là où il y a le plus de choses à faire :
mettre des bouteilles d’air sur le dos, dérouler les tuyaux, etc. C’est là également que l’on doit faire face à un grand nombre de contraintes : la tenue est lourde, il y a de la fumée, on n’y voit pratiquement rien, ce qui oblige à avancer à l’aveugle. Mais c’est là aussi où l’esprit de solidarité est le plus fort.
Dans notre activité la question la plus importante est celle de l’urgence. Dès qu’il y a un humain, l’urgence est maximale. Par exemple, dans un appartement en feu le sauvetage des personnes est prioritaire. Nous nous occupons du feu dans un second temps.
Avez-vous peur ?
Quand on a peur, on est paralysé, or nous devons agir vite. Ce qui nous permet de faire face, c’est notre binôme. Nous avons une confiance absolue en notre collègue. L’esprit de solidarité est notre valeur la plus forte.
Quoiqu’il se passe, nous avons la conviction que nos collègues seront là pour nous, à la fois par la compétence et par la solidarité. S’il nous arrive de rencontrer des conflits, lorsque l’on est en intervention, rien n’affecte la mission. C’est notre vie qui est en jeu dans le métier de pompier, ça oblige à laisser toutes les disputes potentielles de côté.
Le travail de pompier est considéré comme l’un des métiers les plus exigeants tant physiquement que psychologiquement : course contre le temps, mobilisation physique extrême, conditions dangereuses (feu, produits toxiques, etc.). Comment êtes-vous préparés et soutenus face à cela ?
Il y a tout d’abord une sélection importante dans le recrutement. Je passe actuellement les tests pour devenir marin-pompier à Marseille. Les tests sont nombreux et portent autant sur le physique que le mental.
J’ai postulé à travers mon dossier en décembre dernier. J’ai passé 2 oraux au CIRFA (armée de terre et marine), puis des oraux avec un conseiller pour tester ma motivation. Nous avions un sujet à préparer et des éléments à apprendre pour passer un oral d’une heure.
A Lyon, j’ai passé un entretien avec un psychologue. Des tests sportifs (courses, parcours, tractions) ont suivi avant de passer des tests psychotechniques et des épreuves de maths et français.
Ce n’est pas tout : il y a eu de nouveaux tests sportifs à Marseille (piscine, abdos) puis un oral. Il faut suivre le rythme ! Il y a 32 places pour 100 participants. Plusieurs sessions sont réparties dans l’année.
Au-delà de la sélection, nous avons des formations, des entraînements, mais également des évaluations régulières. Après une intervention, on connait très vite les erreurs commises. Sur ces bases, si les erreurs sont multiples ça affecte la notation. Si les notes sont trop basses, les contrats ne seront pas reconduits (les contrats sont de 4 ans).
Quels sont les différents statuts des pompiers ?
Il existe 3 statuts. Pour ma part, je suis pompier volontaire, comme 80% des effectifs, ce qui veut dire que j’ai besoin d’un complément de rémunération par une activité secondaire. J’ai fait les vendanges cet été, là je travaille chez Mac Donald. La rémunération d’un volontaire est insuffisante pour en faire sa seule activité. On ne choisit pas d’être volontaire pour l’aspect financier !
Pour être professionnel, qui est la seconde possibilité, la réussite au concours est nécessaire. Des avantages tels qu’un vrai salaire, des avantages sociaux, des congés payés, une tenue supplémentaire ou même avoir sa propre chambre font la différence.
Le dernier statut est militaire. Il représente l’élite de notre métier avec le concours le plus difficile. Cela concerne les pompiers de Paris rattachés à l’armée de terre, les pompiers de l’air ainsi que les marins pompiers.
La mission des marins pompiers est de sécuriser les ports militaires. Marseille fait exception, contrairement aux autres marins-pompiers, ils ne s’occupent pas uniquement de sécuriser les ports mais la ville entière dont ils gèrent les 17 casernes. Il n’y a pas de pompiers volontaires ou professionnels à Marseille. Le bataillon a été créé en 1939 après l’incendie d’un grand magasin sur la Canebière. Les pompiers de la ville avaient été dépassés par l’ampleur du feu pour différentes raisons et avait été renforcés par les marins pompiers de Toulon.
Chez les pompiers de Marseille, dont je viens de passer les sélections, il y a 7 sections spécialisées :
- Aqua (sauvetage en mer)
- DePOL (pollution en mer)
- Le Grimp : sauvetage à pied ou en véhicule (descentes en rappel ou remonter quelqu’un tombé dans un précipice)
- HELI : intervention en hélico sur terre ou mer
- HUSSAR : interventions dans les décombres, comme lors d’un effondrement d’immeuble. Des chiens permettent de rechercher les victimes.
- RT : risques technologiques (usine nucléaire par exemple)
- IT : interventions techniques (découpage voiture dans accident par exemple)
J’ai choisi le Grimp.
Qu’est-ce que tu aimes particulièrement dans ce métier ?
La rigueur est impressionnante, et ça me plaît pour le cadre que ça pose. Je sais que tous les jours il faut se lever à 5h30, faire sa chambre, se raser, être parfait ! Les évaluations, les entraînements et les interventions constantes imposent le maintien d’un niveau d’excellence.
Je n’imagine pas faire un autre métier que pompier. J’ai envie d’agir. J’ai toujours aimé aller vers les gens et les aider. Avec la tenue de pompier, les personnes viennent à nous pour demander de l’aide que l’on ait ou non les compétences pour y répondre.
J’aime ce sentiment d’être utile pour les autres.